Pour répondre aux besoins essentiels du travail, nous devons être en mesure de déplacer les talents rapidement. Pour ce faire, nos technologies et nos processus doivent être conçus pour être agiles, précis et rapides. Les gouvernements ont souvent recours à des processus de RH rigides qui demandent de multiples revérifications des données relatives au travail des employés comme les études, les compétences et la sécurité, en particulier lorsque les mêmes personnes postulent à des emplois similaires, mais qu’elles sont évaluées par des gestionnaires différents.
Cette rigidité et la duplication des efforts rendent la transformation en une approche de dotation numérique moderne axée sur les compétences beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
Les gouvernements optent souvent pour les technologies qui leur sont présentées au lieu de participer à leur conception et à leur optimisation pour le contexte gouvernemental. Cette expérience a été une occasion de s’investir très tôt dans une technologie émergente, de faire partie d’un écosystème international et de tester des théories avant de s’engager à plus grande échelle.
Les agents libres du Canada ne connaissent que trop bien le problème lié à la validation des compétences et à la duplication des systèmes. En fait, le problème est décuplé. Agents libres est un programme de mobilité des talents conçu pour déployer les talents dans un travail axé sur un projet au sein du gouvernement fédéral. Cependant, la fréquence des déplacements des agents libres crée un immense fardeau administratif généralisé. Et, le plus important peut-être selon Abe Greenspoon, ancien gestionnaire de talents pour le programme des agents libres : « Nous n’avons pas trouvé les bons systèmes afin d’appuyer notre combinaison particulière d’autonomie, de mobilité et de gestion des talents. »
Étant donné que, de par sa conception, le programme des agents libres est mobile et que les personnes admissibles sont évaluées en fonction d’attributs communs alignés sur un cadre reconnu à l’échelle internationale, les agents libres constituaient le groupe de contrôle idéal pour un essai-pilote de l’utilisation de la chaîne de blocs pour la validation des compétences dans un contexte gouvernemental.
C’est ici qu’entre en scène Blockcerts, une norme ouverte mondiale pour la création, l’émission, la visualisation et la vérification de tout type de justificatif en utilisant n’importe quelle chaîne de blocs comme point d’ancrage de la confiance sécurisé. Blockcerts était l’un des très rares produits prêts à l’emploi permettant de tester des justificatifs vérifiables et des portefeuilles numériques. En 2018, dans le cadre d’une démonstration de faisabilité d’un an, le Nuage de talents et l’Unité de l’identité numérique du Secrétariat du Conseil du Trésor, en partenariat avec Learning Machine, un chef de file mondial de la technologie de la chaîne de blocs, ont délivré des justificatifs ancrés dans une chaîne de blocs Blockcerts pour les agents libres du Canada.
Les agents libres dotés de justificatifs Blockcerts ont maintenant à leur disposition un moyen indépendant et sécurisé de confirmer leur identité et leurs compétences de façon simple et respectueuse de leurs droits à la vie privée et à la propriété des données. Le gouvernement du Canada est l’un des premiers au monde à utiliser Blockcerts pour confirmer les compétences des employés.
Voici un exemple réel d’un justificatif Blockcert délivré à un agent libre : partagé sur Twitter (avec la permission de Brian Double).
À dessein, les agents libres n’avaient pas besoin de prouver leur « statut d’agent libre » ou leurs compétences pour obtenir leur prochaine affectation, et les gestionnaires n’avaient pas besoin de vérifier le justificatif Blockcert des agents libres pour leur offrir une affectation. Même si la délivrance d’un justificatif Blockcert pour les cotes de sécurité apportait une valeur transactionnelle aux agents libres et aux gestionnaires, son utilisation n’était pas essentielle sur le plan transactionnel, réduisant du même coup la dépendance à l’égard de leur utilisation.
Plutôt que de tester l’ensemble de la dépendance, nous avons choisi de nous concentrer sur un cas d’utilisation simple pour la démonstration de compétences vérifiables, ce qui n’avait pas été fait auparavant. Bien que les technologies de la chaîne de blocs soient utilisées pour la création de registres fonciers et la gestion de la chaîne d’approvisionnement par exemple, l’utilisation de justificatifs Blockcerts pour certifier des « compétences générales » n’avait jamais été tentée auparavant. Ce faisant, nous avons été en mesure de démontrer la puissance de la vérification des justificatifs pour des utilisations à forte valeur comme les dossiers d’éducation, la cote de sécurité, les niveaux linguistiques et autres.
L’utilisation des justificatifs Blockcerts et d’autres technologies de type chaîne de blocs est plus qu’un simple problème technique, c’est aussi un problème lié à l’adoption culturelle. Ces deux aspects sont importants et représentent une courbe d’apprentissage abrupte pour le gouvernement du Canada, particulièrement dans le domaine des RH.
Comme nous l’avons tous constaté, il ne suffit pas de simplement mettre à l’essai des technologies nouvelles et émergentes. À bien des égards, c’est la partie facile. La partie difficile consiste à encourager l’adoption sociale de nouveaux concepts. L’adoption culturelle et la gestion du changement sont des défis qui persistent dans la plupart des organisations, en particulier au sein des organisations de la fonction publique.
Le concept a été très bien accueilli. Les responsables de la sécurité et d’autres intervenants ont immédiatement vu le potentiel pour d’autres utilisations. Mais même parmi les agents libres, connus pour être des innovateurs et des précurseurs en ce qui concerne l’adoption de nouvelles technologies, les taux d’adoption ont été inférieurs aux taux espérés.
En juin 2019, l’Université McMaster est devenue le premier établissement d’enseignement canadien à offrir des diplômes numériques par l’entremise de Blockcerts. Ces justificatifs Blockcerts peuvent ensuite être utilisés comme attestation d’études pour poser sa candidature dans le Nuage de talents du GC.
Les justificatifs Blockcerts ne sont qu’une pièce du casse-tête dans un écosystème qui évolue rapidement. Même trois ans seulement après le lancement de l’essai-pilote, la collectivité internationale a fait d’énormes progrès. Mais ces avancées montrent que les technologies de la chaîne de blocs demeureront utiles dans certaines circonstances précises, et le besoin du GC pour une solution de validation des compétences est beaucoup plus large.
« Lorsque les gens postulent un nouvel emploi, ils doivent pouvoir démontrer leurs compétences d’une manière qui peut être validée, digne de confiance et utile pour les gestionnaires d’embauche. »
Les justificatifs Blockcerts ne sont qu’une pièce du casse-tête dans un écosystème qui évolue rapidement. Même trois ans seulement après le lancement de l’essai-pilote, la collectivité internationale a fait d’énormes progrès. Mais ces avancées montrent que les technologies de la chaîne de blocs demeureront utiles dans certaines circonstances précises, et le besoin du GC pour une solution de validation des compétences est beaucoup plus large.
Nous pouvons donc conclure que, même si les diplômes universitaires délivrés sous forme de chaîne de blocs et autres attestations professionnelles de compétences ont leur place à un niveau supérieur dans l’avenir de l’écosystème d’embauche du GC, de nouvelles solutions devront être trouvées pour la validation à un niveau inférieur de compétences qui évoluent plus rapidement (comme la réussite de tests dans le cadre d’un processus d’évaluation) pour satisfaire à tous les besoins du GC en matière de validation des compétences.
(Pour connaître nos idées sur une solution à ce problème, consultez le prochain article sur les Compétences vérifiables et transférables.)
Nous vivons dans un monde numérique. Il s’agit de notre nouvelle réalité, qu’on le veuille ou non, et l’évolution est rapide. Et comme les technologies qui nous entourent évoluent, nous devons aussi évoluer. Il ne s’agit pas seulement de faire passer les processus analogiques au numérique, mais de tout repenser les processus pour les adapter au numérique. Nous nous aventurons sur un terrain inconnu parsemé de nombreuses embûches. Mais nous avons fait un pas de plus vers un écosystème de talents dynamique alimenté par des justificatifs transférables.
Ce n’est pas seulement une question de compétences. Les justificatifs comme les cotes de sécurité, les attestations pour les organismes de réglementation et les niveaux de langue ne sont que quelques-unes des utilisations possibles pour les dossiers vérifiables.
Les compétences transférables constituent une manière très différente de concevoir la collecte, la découverte et l’utilisation des données relatives aux compétences. La technologie porte sur des concepts tels que la confiance, la propriété des données, les portefeuilles numériques et l’interopérabilité entre les systèmes. Le projet Blockcerts nous a donné l’occasion de parler de ces concepts et de montrer les possibilités actuelles, quelle que soit la technologie sous-jacente.
