Dossiers en tant que service : compétences transférables et vérifiables en matière de numérique
Normes et solutions ouvertes
Le Nuage de talents croit, comme bien d’autres organisations, que l’avenir de l’embauche reposera sur des plateformes et des processus qui pourront traiter des compétences vérifiables et transférables en matière de numérique. Celles-ci permettront d’échanger sur différentes plateformes des renseignements réutilisables et validées sur les compétences et les qualités. Le problème, c’est que le gouvernement du Canada (GC) n’a pas encore de cadre technologique ou de niveaux d’expertise importants dans ce domaine. Il est impératif de mettre en place une plateforme pouvant fournir des dossiers en tant que service au gouvernement du Canada, notamment des dossiers sur les compétences qui pourraient être traités uniformément par les multiples services de RH et plateformes de recrutement des divers ministères et organismes gouvernementaux. Le Nuage de talents, qui relève du Bureau du dirigeant principal de l’information, mène des expériences dans ce domaine depuis plusieurs années. Il est donc bien placé et peut compter sur les bonnes ressources pour offrir ce genre de service. (Il convient de prendre note qu’il n’y a aucune prescription quant à la plateforme de dotation qui peut être utilisée par les ministères et organismes pour la prestation de ce genre de service.)
Le Nuage de talents mène depuis plusieurs années des expériences en conception de compétences transférables et de compétences liées à une chaîne de blocs, ainsi que des expériences en validation de microréférences. Toutefois, pour que cet aspect du travail du Nuage de talents se concrétise pleinement, il faudrait obtenir des ressources supplémentaires et, idéalement, définir un cas type pour la tenue de projets pilotes à une échelle suffisante pour créer les comportements écosystémiques nécessaires. Le Nuage de talents est d’avis que la collectivité du numérique du GC pourrait constituer un excellent cas type potentiel, puisque les compétences sont très recherchées dans ce domaine, et qu’il y a d’importantes économies à réaliser en mettant en place un dépôt central de talents numériques dans lequel les compétences pourraient faire l’objet de recherches et de vérifications, et les évaluations pourraient être réutilisées à des fins de mobilité et de promotion.
Afin de comprendre les possibilités offertes par cette nouvelle orientation en matière de recrutement et de mobilité, il vaut la peine de se pencher sur la question des compétences transférables et de réfléchir à la façon dont le gouvernement du Canada pourrait mettre à profit ce concept.
Les compétences transférables sont des dossiers numériques complets, remis à une personne par une source fiable et faisant autorité, qui contiennent des données accessibles et vérifiées par une autre entité. Lorsqu’elles sont conçues selon des normes ouvertes et au moyen de linked data structures, elles peuvent être traitées uniformément par différents systèmes et être vérifiées en temps réel. Dans un contexte de travail, elles permettent d’obtenir des renseignements détaillés lorsqu’il s’agit, par exemple, d’établir l’admissibilité d’un candidat, ou encore lorsque des compétences et des qualifications particulières sont requises pour un certain poste. Les compétences transférables fournissent la preuve qu’une personne est qualifiée pour faire ce qu’elle prétend faire et que la qualification est toujours valide.
Plusieurs termes différents sont utilisés pour désigner les compétences à l’ère numérique. Nous utilisons le terme « compétences transférables » pour désigner un concept général, mais voici d’autres termes que vous devriez connaître : Chaîne de blocs, Blockcerts, badges ouverts, compétences vérifiables, microcertification, dossier de formation et d’emploi, dossier de formation complet.
Les compétences transférables reposent sur les trois piliers essentiels que sont la confiance (elles peuvent être vérifiées), la valeur (elles peuvent être comprises) et l’interopérabilité (elles peuvent être partagées).
Parce que les besoins sont grands et que l’écosystème des talents a changé. Les gens acquièrent des connaissances, des compétences et de l’expérience d’une façon que nous n’aurions pas pu imaginer au moment de la conception des systèmes d’embauche. Pourtant, le gouvernement du Canada s’appuie encore largement sur des méthodes et des processus traditionnels pour évaluer les talents, notamment en ce qui a trait à la consignation, au stockage et à la non-réutilisation des renseignements relatifs aux évaluations. Cette asymétrie entraîne des retards inutiles lorsqu’il s’agit de trouver les personnes ayant des compétences recherchées et de faire correspondre les talents aux besoins professionnels. Elle limite également la mobilité et la croissance professionnelle de notre main-d’œuvre.
Aujourd’hui plus que jamais, il est primordial que les gestionnaires puissent trouver et déplacer rapidement les talents à mesure que des besoins urgents se présentent. Pour ce faire, les candidats et les employés doivent pouvoir communiquer et partager les qualifications et les compétences recherchées qu’ils acquièrent au gré de l’évolution de leur carrière d’une manière que les gestionnaires peuvent comprendre rapidement et en laquelle ils ont confiance.
Le Nuage de talents est l’un des membres fondateurs du The Open Skills Network, une coalition de plus de 40 employeurs, organisations d’enseignement et fournisseurs de technologie voués à la démocratisation des compétences en tant que monnaie échangeable et commune grâce à l’emploi de données ouvertes, accessibles et informatisées sur les compétences.
Nous assistons à une évolution en temps réel de la main-d’œuvre où les compétences elles-mêmes deviennent une nouvelle monnaie d’échange sur le marché du travail. Toutefois, si les compétences sont destinées à avoir une valeur, comme la monnaie, nous avons la responsabilité de veiller à ce que tout le monde puisse en profiter. Cet enjeu est particulièrement important en ce qui concerne les groupes sous-représentés et les personnes en situation de vulnérabilité qui sont touchées de façon disproportionnée par les pratiques d’embauche restrictives. Les effets de la COVID-19 ont eu une incidence encore plus grande sur ces groupes qui pourraient combler des lacunes critiques en matière de talent.
En nous appuyant sur l’expérience de l’équipe acquise dans le cadre de projets de mobilité des talents et du récent projet pilote de chaîne de blocs du Nuage de talents, nous estimons que trois scénarios d’utilisation de compétences transférables sont prêts à faire l’objet d’une mise en œuvre. (Les scénarios suivants pourraient être considérés comme prioritaires en ce qui a trait à l’utilisation de compétences transférables, mais nécessiteraient d’autres investissements).
Lorsqu’elles sont utilisées à des fins de vérification des compétences, les compétences transférables peuvent présenter des avantages pour les gestionnaires puisqu’elles fournissent des renseignements détaillés et des preuves d’évaluation des compétences, des microréférences et démontrent les compétences professionnelles. Elles permettent aux gestionnaires d’obtenir rapidement des renseignements complets et contextuels sur la compétence évaluée, lesquels peuvent être facilement vérifiés.
Les candidats et les employés peuvent également en profiter parce que les dossiers d’évaluation peuvent être utilisés comme moyen de signaler des compétences aux gestionnaires qui sont à la recherche de talents et être réutilisés comme preuves de compétences au moment de postuler de nouveaux emplois. Ils maintiennent également un plus grand contrôle sur la confidentialité, la découverte et le partage des données sur leurs compétences. Et comme les compétences transférables sont fondées sur des données ouvertes, accessibles et informatisées, il est possible d’établir des liens entre les compétences recherchées et d’autres sources de données, comme les données en temps réel sur le marché du travail et les cheminements de carrière et d’apprentissage.
Le dédoublement des efforts dans l’évaluation à répétition des compétences est un irritant pour les personnes qui postulent des emplois au gouvernement du Canada, pour celles qui y travaillent déjà et pour les gestionnaires d’embauche qui les évaluent. Les compétences transférables créent une façon de valider l’information et permettent aux personnes de soumettre des données portables et réutilisables, tout en préservant la confidentialité et la propriété des données. Il est également important de prendre note que ce modèle a de vastes applications qui vont au-delà de la vérification des compétences, comme l’échange de dossiers scolaires et de renseignements sur les niveaux de compétence linguistique et les autorisations de sécurité.
Les compétences transférables peuvent engendrer des gains d’efficacité et améliorer la validation et la vérification des dossiers liés à l’embauche et à la mobilité. Elles devraient permettre de réduire les frictions et la durée des processus de dotation tant pour les mesures de dotation annoncées à l’externe que pour les mesures de mobilité interne, et d’améliorer la qualité de l’expérience en matière de RH, des gestionnaires et des employés du ministère.
Il ne s’agit pas d’un future qui soit dans 10 ans d’ici. Il s’agit plutôt d’une vision réalisable au moyen des technologies émergentes et des normes actuelles sur les données ouvertes.
Cependant, une stratégie d’embauche fondée sur les compétences n’est pas une panacée en soi. Si nous voulons bien faire les choses, nous devons reconnaître qu’il ne s’agit pas seulement de technologies, mais aussi de personnes. Il faut aussi passer à une culture d’inclusion axée sur les compétences où les personnes peuvent être reconnues pour ce qu’elles peuvent faire.
Le Nuage de talents a à cœur de créer un marché des talents plus diversifié, équitable et inclusif. Nous croyons que l’embauche fondée sur les compétences et les compétences vérifiables en matière de numérique peuvent contribuer à créer un tel environnement. Et que les technologies ouvertes qui émergent et les nouvelles normes relatives aux données sont essentielles pour assurer la reconnaissance, le partage et la vérification des compétences dans l’ensemble de l’écosystème des talents.
[Traduction] « Le Nuage de talents est le premier projet du genre pouvant s’appliquer non seulement à l’échelle canadienne, mais aussi à l’échelle mondiale. Il pourrait inspirer et encourager d’autres gouvernements à suivre cette voie. Il nous donnera également l’occasion de faire preuve d’intégrité et de leadership, et de démontrer que l’innovation n’est pas réservée uniquement aux entreprises en démarrage, mais qu’elle peut être mise en œuvre rapidement et à grande échelle par des organisations gouvernementales qui veulent accélérer le rythme de l’innovation et montrer la voie à suivre dans tout le pays, en prêchant par l’exemple. »
Simone Ravaioli
Directrice, Partenariats stratégiques, Digitary
Présidente, Groupe de travail sur les dossiers d’apprentissage intégrés de l’IEEE
Membre du comité de maintenance, ESCO
Conseillère : Open Recognition Alliance, Learning Economy Foundation, International Council on Badges and Credentials
[Traduction] « Aujourd’hui, nous avons des occasions sans précédent de repenser la façon dont nos systèmes et processus d’éducation, de formation et d’emploi se conjuguent pour créer des cheminements de carrière fructueux.
Nous pouvons dissiper la confusion actuelle au sujet de la grande diversité de compétences et d’habiletés en utilisant une structure de données partagée, un langage de description transparente des compétences et des compétences en matière de numérique que les gens peuvent recueillir et partager. Les organisations gouvernementales, les éducateurs et les employeurs disposeront alors de toutes les données interopérables nécessaires pour rapprocher les personnes et les emplois.
Le Nuage de talents est une initiative de premier plan visant à rendre les compétences transparentes et utiles, et nous sommes ravis de travailler avec ses membres, car tout le monde mérite d’avoir l’occasion de comprendre ses talents et de les mettre à profit pour mener une carrière enrichissante. »
Dr. Deborah Everhart
Directrice de la stratégie, Moteur de reconnaissance des compétences
[Traduction] « Les compétences transférables et interopérables permettent aux personnes de trouver un emploi et de mener une carrière enrichissante tout en éliminant les obstacles traditionnels qui les ont peut-être exclues. Elles seront également avantageuses pour les employeurs, car elles leur permettront de trouver des candidats qualifiés à partir d’un bassin plus vaste de candidats.
Le travail du Nuage de talents du gouvernement du Canada est essentiel pour y arriver. Ses membres s’efforcent d’ajouter une dimension de compétences aux descriptions de postes, ce qui se traduit par un jumelage plus efficace des candidats qualifiés, au lieu de se fier (souvent) à des exigences de travail prescriptives trop générales et dépassées.
Ainsi, des personnes ayant des antécédents scolaires non traditionnels pourront être reconnues pour les compétences qu’elles ont acquises, que ce soit par la formation permanente, l’expérience professionnelle ou l’apprentissage continu en général. Et les personnes pourront plus facilement trouver des occasions d’emplois pour lesquelles elles sont bien qualifiées, même lorsqu’il s’agit de postes dans des secteurs différents. »
Kim Hamilton Duffy
Architecte, MIT Digital Credentials Consortium
Coprésidente, W3C Verifiable Credentials for Education Task Force
